« Ici Anaïs, cheffe de bord du Cahier d’exploration polaire et poétique. Ma mission s’est officiellement achevée mardi 14 novembre, quand IJSBERG est né devant le public. C’est un mélange d’émotions tout particulier qui m’étreint à l’heure d’écrire cette dernière page du cahier. Le voyage a été beau, c’est certain. Il m’a permis de rencontrer des êtres profondément talentueux et… humains ! J’espère avoir réussi à retranscrire au mieux cette belle aventure. »
Nous sommes mardi 14 novembre et c’est aujourd’hui que la création d’IJSBERG a lieu, à Chartres-city. C’est ce soir que ma mission d’exploration prend fin et que je rends mon tablier ! Mais pour l’instant, il est 11 heures et je monte à bord du bolide d’Evelyne en compagnie de Solena. Toutes les trois, nous partons de Tours pour aller rejoindre l’équipe déjà sur place. Le chemin nous offre même la chance d’apercevoir quelques rapaces et chevreuils qui ne se doutent pas une seconde de la belle journée qui nous attend… À notre arrivée sous une fine pluie, Jean-Baptiste nous accueille. Après m’être faufilée dans les coulisses, je découvre le théâtre pour la première fois. C’est beau ! C’est un théâtre à l’italienne tout de rouge et d’or vêtu, avec un lustre magnifique que j’espère solidement attaché. Depuis la régie au fond de la salle, j’aperçois Adrien, Alexandre et Jules qui s’échauffent sur scène. Nous sommes quelques minutes avant le début de la représentation scolaire alors on ira leur dire bonjour après. Pour l’instant, on les laisse dans leur bulle. Pendant ce temps, dans le hall, Solena et Evelyne accueillent les pros venus découvrir le spectacle, mais aussi Juliette et Gwénaëlle de Label Saison, le bureau de production qui accompagne la compagnie pour la diffusion de ses spectacles. Deux salles, deux ambiances, mais essentielles l’une pour l’autre.
Ça y est, les enfants sont installés, sauf une classe qui se fait attendre. C’est un joyeux brouhaha de ce côté, mais je pense à Adrien, Jules et surtout Alexandre pour qui l’attente doit être longue… (Vous comprendrez pourquoi en allant voir le spectacle, héhé #teaser) Puis, enfin, le spectacle commence. À un moment en particulier, je me dis que jouer ce spectacle pour des enfants a vraiment du sens. Ça me réchauffe le cœur. Je serais curieuse de pouvoir le découvrir à travers leurs yeux, voir ce qu’ils voient… Plus tard, les comédiens nous confieront qu’ils avaient une bonne visibilité de la salle depuis la scène et que la rangée de pros qu’ils apercevaient au balcon était une vision tout à fait… apaisante. Vous décèlerez ici une pointe d’humour. Jean-Baptiste racontera lui l’émotion qu’il a ressentie en se prenant pleine poire le « woooow » sincère et unanime des enfants, à un moment où un changement de lumière fait effectivement son petit effet. Franchement, quel meilleur compliment ?!
En attendant la représentation tout public du soir, l’équipe se retrouve dans les loges où il règne comme une ambiance de Noël avant l’heure… Au théâtre, pour les premières, la tradition veut que chacun·e offre un cadeau aux autres membres de l’équipe. Livres, peluches, chocolats et autres petites attentions s’échangent donc joyeusement avant de trinquer à cet Ijsberg qui nous rassemble. Puis, une pause s’impose ! Les comédiens s’en vont essayer de trouver des coins calmes pour dormir un peu, tandis que le reste de l’équipe papote de choses et d’autres dans les confortables fauteuils du hall… À 19 heures, cette même équipe technique et administrative (Jean-Baptiste, Alex, Paul, Solena, Evelyne et moi-même) s’en va manger. On aurait aimé dîner tous ensemble mais c’est souvent comme ça : avant le spectacle, les comédiens n’ont pas vraiment le cœur à manger et, après le spectacle, c’est l’équipe technique qui sera à pied d’œuvre pour le démontage. Chacun son boulot et les hippopotames seront bien gardés.
Une fois ma salade de fruits engloutie, je me faufile dans la salle. « Entrée public dans 5 minutes ! » annonce Alex. Cette fois, c’est la bonne. Quelques « merde ! » s’envolent, quelques câlins d’équipe se font et quelques paillettes se collent. Jean-Baptiste me confie qu’il trouve les gars bien moins stressés que cet après-midi. C’est de bon augure ! Une fois le public installé, on se trouve une place à notre tour puis les lumières s’éteignent…
Applaudissements ! Une fois, deux fois, trois fois… J’ai arrêté de compter. Avant le bord-plateau qui suit la représentation, Adrien remercie le public et confirme notre ressenti : « On a pris beaucoup de plaisir ! ». La nuit avance, la lune la suit. La rencontre est finie mais une partie du public s’est approchée de la scène pour continuer à échanger. Une dame remercie l’équipe pour ce spectacle accessible aux personnes sourdes, des autographes sont signés, des compliments sont donnés… Bref, c’est un moment heureux, amplement mérité et suspendu, loin, très loin au-dessus du stress des derniers jours. 23 heures. Solena, Evelyne et moi reprenons la route dans le sens inverse. La tête contre la vitre, je regarde les étoiles nous faire des clins d’œil au milieu de la nuit noire et je me dis, quelle chance, quand même.
Anaïs, cheffe de bord du Cahier d’exploration polaire et poétique