PAGE 11 - Départ imminent dans le cœur des gens - [Novembre 2023]
« Ici Anaïs, cheffe de bord du Cahier d’exploration polaire et poétique. La température extérieure est de -12,2°C, ce qui ici est un peu chaud pour la saison. […] En décembre 2022, j’ai entrepris un voyage avec la Compagnie Discrète et, parce qu’il risque d’être beau, j’aimerais vous le raconter. Objectif : une nouvelle création en novembre 2023. Accrochez-vous à vos moufles et bonnets ! Pour vous, je vais prendre tous les risques et me rendre au plus près de l’IJSBERG... »
Pour nous, futur public, ils n’auront peut-être eu l’air de rien, ces quelques jours entre le 30 octobre et le 4 novembre. À la limite, on s’en souviendra parce qu’un peu plus froids, ils nous auront permis d’utiliser l’excuse météorologique pour manger des raclettes. À la limite. Mais pour les Discrets, c’est autre chose. Sûr qu’ils se souviendront de cette dernière et intense semaine de résidence salle Thélème, avant la première mondiale d’Ijsberg qui aura lieu mardi 14 novembre au Théâtre de Chartres, in the département of Eure-et-Loir, France. C’est d’ailleurs là-bas, dans le grand nord, que j’aurai le plaisir d’écrire le dernier épisode du Cahier d’Exploration Polaire et Poétique !
Cette semaine, il était prévu de faire un filage par jour sauf le mercredi, c’est-à-dire de jouer le spectacle en conditions réelles, mais sans le public. Disons donc plutôt en conditions aux frontières du réel (tintintintintintiiiiin…). Faire « comme si » pour s’assurer que tout coule bien et, s’il reste quelques couacs, de peaufiner les choses. Et puis finalement, il y a eu filage mercredi et vendredi... Preuve qu’il est important de faire des plans dans la vie, mais qu’il est plus important encore de savoir s’adapter aux alléluias du direct. Les abonné·es de la première heure se souviennent peut-être de Florian, l’ami comédien d’Alexandre et Adrien ? Eh bien il a apporté son œil extérieur une nouvelle fois, notamment pour fluidifier certaines liaisons entre les scènes. Ce travail minutieux a pris plus de temps que prévu mais il était essentiel et les dernières résidences sont faites pour ça, pour ajuster. C’est l’étape de la dorure quoi, the icing on the cake comme on dit à New-York.
En parlant de cake, Jean-Baptiste avait amené ce matin des petits biscuits faits maison à partager. C’est bien simple et scientifiquement prouvé, le beurre lie les biscuits et les biscuits lient une équipe. Et aujourd’hui, en cette fin de résidence, quelle équipe ! Adrien, Alexandre et Jules au plateau, Jean-Baptiste, Emmanuelle, Paul, Alex et Quentin en régie, Solena, et Louise pour immortaliser les belles images du spectacle. Oui, il y a de nouveaux personnages dans notre histoire ! Et plus on est de fous, plus on rit, mais moins on a de biscuits… Emmanuelle et Alex, respectivement à la lumière et au son, formeront l’équipe qui accompagnera les comédiens dans leurs tournées. Et Paul et Quentin, à la lumière et au son également, formeront le duo remplaçant. AN-TI-CI-PA-TION, voilà le secret.
Cette matinée du 3 novembre a consisté en deux choses : l’atelier bois (pour construire, toujours en récup’, le coffre qui transportera la moquette) puis le filage. Une belle énergie se faufile entre les fauteuils de Thélème. Découpe dans l’atelier, travail sur ordinateurs, peinture d’un câble à la bombe de peinture blanche… Chacun·e vaque à ses occupations. Quant à Alexandre et Adrien, ils règlent quelques détails. Je ne dévoilerai rien en vous disant qu’ils parlent de l’émotion qui traverse un personnage à un moment donné, ou encore du sens de rotation du moulinet. Être raccord sur l’invisible, voilà qui est beau ! Puis, avant de commencer le filage, Alex « microtte » Adrien et Alexandre pour qu’on entende bien tous les sons et moi, je reprends un biscuit. C’est parti ! « Tout le monde est prêt sur le plateau ? Entrée du public. Noir dans la salle ! » C’est comme si on y était. J’aime tellement ce moment. C’est comme quand on s’apprête à commencer un nouveau livre. L’histoire va débuter et je sais qu’elle va être belle... Bien accompagnée, je m’apprête à plonger un instant hors du monde.
[…]
Applaudissements. Les lumières se rallument. Je prends le temps de remettre mes émotions à l’endroit… Émotion de voir le spectacle en entier pour la première fois, de comprendre comment s’imbriquent les scènes que je connaissais dans ce tout, de découvrir la beauté en grand format après l’avoir aperçue durant des mois. Comme je comprends qu’ils soient pressés de le partager cet Ijsberg…
Anaïs, cheffe de bord du Cahier d’exploration polaire et poétique