JOUR 7 - Rencontre avec Jean-Baptiste Cadeau - [Juin 2023]
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« Ici Anaïs, cheffe de bord du Cahier d’exploration polaire et poétique. La température extérieure est de -12,2°C, ce qui ici est un peu chaud pour la saison. […] En décembre 2022, j’ai entrepris un voyage avec la Compagnie Discrète et, parce qu’il risque d’être beau, j’aimerais vous le raconter. Objectif : une nouvelle création en novembre 2023. Accrochez-vous à vos moufles et bonnets ! Pour vous, je vais prendre tous les risques et me rendre au plus près de l’IJSBERG... »
Anaïs Andos, cheffe de bord : Salut Jean-Baptiste ! Dans la vie tu es régisseur général de la Salle Thélème à Tours, formateur au CFPTS à Paris et pour Ijsberg tu crées la lumière, la scénographie et construis le décor. Quel âge as-tu ? Jean-Baptiste : J’ai 40 ans. Peux-tu me parler de ta formation ? J’ai une formation de directeur technique, mais mon métier à la base c’est la création lumière. En fait j’ai commencé comme jongleur et cracheur de feu dans une compagnie équestre et, un jour, j’ai eu envie de mêler mon métier d’électricien à l’artistique ! Très jeune aussi, j’avais déjà les pieds dans les bottes pour aider mon père à construire notre maison. Alors après ma formation lumière, j’ai étendu mes compétences à la direction technique car c’était assez naturel pour moi. Je travaille le bois, le métal, le plastique… Je suis curieux de tout. |
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Quel aspect de ton travail préfères-tu ?
Ce qui me motive ce sont les défis ! C’est pas marrant si c’est trop facile… J’avais d’ailleurs écrit mon mémoire sur le sujet « Adapter un spectacle pour un lieu qui n’est pas fait pour ». J’aime aussi détourner les objets, les matières. Je pense d’abord à la forme souhaitée puis je crée à partir des contraintes (facile à trouver, léger, résistant, etc.) pour que, de loin, ça fasse la blague. Et je cultive la logique de récup’ : chaque objet peut avoir une deuxième vie et servir plusieurs fois. À l’image des caisses pour transporter le décor, qui en sont des chutes et que j’ai transformées en réflecteurs grâce à un coup de peinture blanche.
Comment as-tu rencontré les Discrets ?
C’était à Thélème en 2016, pour Play War. J’aime m’investir avec les compagnies en résidence pour leur apporter un regard extérieur, technique et artistique si possible. J’avais pu les conseiller, les orienter sur certains choix lumière et, un jour, ils m’ont demandé de bosser avec eux sur ce projet. J’ai dit oui avant même de savoir qu’on irait en Suède (haha !) parce que j’apprécie beaucoup le mime, ce langage universel que j’ai découvert grâce à eux, leur humour, le sujet du spectacle et aussi la facilité à travailler ensemble.
Peux-tu me parler de votre collaboration ?
On échange beaucoup. Ils décrivent ce qu’ils ont en tête puis j’ai douze mille idées qui me viennent : des images, des lumières et des couleurs dans le sens « sentiment de la couleur ». Alors je leur explique ce que je ressens, ce que j’imagine et on fait des allers-retours comme ça, en échangeant nos impressions. Je suis au service de l’artistique et de leurs sentiments avant tout.
As-tu rencontré des difficultés sur ce projet ?
La construction du décor était un beau défi ! Ça a commencé avec Adrien qui m’a dit « Je verrais bien cette forme mais ça paraît compliqué… », alors j’ai réfléchi à sa faisabilité avec des solutions économiques car c’est toujours le nerf de la guerre… L’autre difficulté concerne la projection vidéo et les angles à trouver pour le VP. C’est un point technique qui a une influence sur l’artistique alors j’essaie de les accompagner au maximum avec mes connaissances.
Quelles sont tes inspirations pour créer la lumière d’Ijsberg ?
Je me sers de mes ressentis et souvenirs d’enfant puisque le but est de partager des émotions universelles. Je réfléchis à cet univers de neige par exemple et me demande ce qui fait qu’on est ébloui dans une tempête : c’est tellement fort qu’on n’y voit plus rien. C’est ce qui m’a décidé à aller vers le « très blanc » plutôt que vers le noir. J’échange aussi beaucoup avec Jules car on dit qu’en lumière, pour changer une atmosphère, il suffit parfois de changer un son, et inversement !
Jusqu’ici, quel moment t’a le plus marqué dans cette création ?
Autant pour le moment d’équipe que du point de vue artistique, il y a ce moment en Suède où on a parcouru la forêt pour prendre des photos, capturer des impressions. C’était top de prendre le temps de regarder la nature dans un but professionnel. Le second était en mai, lorsque j’ai fait découvrir à l’équipe le décor terminé !
Peux-tu me raconter un souvenir positif que tu as avec la nature ?
Enfant, je passais des heures dans les ruisseaux à contempler les formes créées par les ombres des feuilles d’arbres au sol, dans les racines des sous-bois… Ça a clairement orienté le choix de mon métier !
Le mot de la fin ?
Ombre&lumière. Oui ça fait deux, mais c’est parce que l’un ne va pas sans l’autre.
Anaïs, cheffe de bord du Cahier d’exploration polaire et poétique
Illustration - Jessica Fournier Doret
Ce qui me motive ce sont les défis ! C’est pas marrant si c’est trop facile… J’avais d’ailleurs écrit mon mémoire sur le sujet « Adapter un spectacle pour un lieu qui n’est pas fait pour ». J’aime aussi détourner les objets, les matières. Je pense d’abord à la forme souhaitée puis je crée à partir des contraintes (facile à trouver, léger, résistant, etc.) pour que, de loin, ça fasse la blague. Et je cultive la logique de récup’ : chaque objet peut avoir une deuxième vie et servir plusieurs fois. À l’image des caisses pour transporter le décor, qui en sont des chutes et que j’ai transformées en réflecteurs grâce à un coup de peinture blanche.
Comment as-tu rencontré les Discrets ?
C’était à Thélème en 2016, pour Play War. J’aime m’investir avec les compagnies en résidence pour leur apporter un regard extérieur, technique et artistique si possible. J’avais pu les conseiller, les orienter sur certains choix lumière et, un jour, ils m’ont demandé de bosser avec eux sur ce projet. J’ai dit oui avant même de savoir qu’on irait en Suède (haha !) parce que j’apprécie beaucoup le mime, ce langage universel que j’ai découvert grâce à eux, leur humour, le sujet du spectacle et aussi la facilité à travailler ensemble.
Peux-tu me parler de votre collaboration ?
On échange beaucoup. Ils décrivent ce qu’ils ont en tête puis j’ai douze mille idées qui me viennent : des images, des lumières et des couleurs dans le sens « sentiment de la couleur ». Alors je leur explique ce que je ressens, ce que j’imagine et on fait des allers-retours comme ça, en échangeant nos impressions. Je suis au service de l’artistique et de leurs sentiments avant tout.
As-tu rencontré des difficultés sur ce projet ?
La construction du décor était un beau défi ! Ça a commencé avec Adrien qui m’a dit « Je verrais bien cette forme mais ça paraît compliqué… », alors j’ai réfléchi à sa faisabilité avec des solutions économiques car c’est toujours le nerf de la guerre… L’autre difficulté concerne la projection vidéo et les angles à trouver pour le VP. C’est un point technique qui a une influence sur l’artistique alors j’essaie de les accompagner au maximum avec mes connaissances.
Quelles sont tes inspirations pour créer la lumière d’Ijsberg ?
Je me sers de mes ressentis et souvenirs d’enfant puisque le but est de partager des émotions universelles. Je réfléchis à cet univers de neige par exemple et me demande ce qui fait qu’on est ébloui dans une tempête : c’est tellement fort qu’on n’y voit plus rien. C’est ce qui m’a décidé à aller vers le « très blanc » plutôt que vers le noir. J’échange aussi beaucoup avec Jules car on dit qu’en lumière, pour changer une atmosphère, il suffit parfois de changer un son, et inversement !
Jusqu’ici, quel moment t’a le plus marqué dans cette création ?
Autant pour le moment d’équipe que du point de vue artistique, il y a ce moment en Suède où on a parcouru la forêt pour prendre des photos, capturer des impressions. C’était top de prendre le temps de regarder la nature dans un but professionnel. Le second était en mai, lorsque j’ai fait découvrir à l’équipe le décor terminé !
Peux-tu me raconter un souvenir positif que tu as avec la nature ?
Enfant, je passais des heures dans les ruisseaux à contempler les formes créées par les ombres des feuilles d’arbres au sol, dans les racines des sous-bois… Ça a clairement orienté le choix de mon métier !
Le mot de la fin ?
Ombre&lumière. Oui ça fait deux, mais c’est parce que l’un ne va pas sans l’autre.
Anaïs, cheffe de bord du Cahier d’exploration polaire et poétique
Illustration - Jessica Fournier Doret